Coupures d’électricité : 101 minutes en moyenne en 2010 !
Article tiré de la République
Par Eric Normand
Publié le 28 novembre 2011 à 04h00
La multiplication des coupures d’électricité provient selon le syndicat de l’énergie, du manque d’investissements de la part d’ERDF, pour enterrer les lignes notamment. © Archives ascencion Torrent
La fréquence des coupures d’électricité est en augmentation dans le département. Conséquence : entre le Syndicat de l’énergie et le concessionnaire, il y a de l’électricité dans l’air…
Denise Saint-Pé est très remontée. La conseillère générale de Sauveterre-de-Béarn, présidente du Syndicat départemental de l’énergie (SDEPA) mais également vice-présidente de la Fédération nationale des syndicats de la branche (la FNCRR), l’a dit la semaine passée depuis le congrès des maires, qui s’est déroulée à Paris. La cause de son courroux : la multiplication des coupures d’électricité dans les départements, faute, selon les syndicats compétents, d’investissements de la part d’ERDF (Électricité et réseaux de France).
Une situation qui serait vérifiable partout dans le pays et qui a donc conduit la FNCCR à éditer un livre blanc, sorte de catalogue de doléances, présenté la semaine dernière dans le cadre du congrès national des maires.
Les chiffres seraient accablants pour le concessionnaire ERDF, filiale d’EDF. En 2010, les pannes d’électricité atteignaient en effet en moyenne 98 minutes par an et par usager en France. Et 101 dans les Pyrénées-Atlantiques. À comparer avec les 77 minutes d’il y a une dizaine d’années.
Même s’il y a du mieux par rapport aux 113 minutes de 2009, c’est encore bien trop pour Denise Saint-Pé qui pointe une dégradation du service, liée à un manque d’entretien. « Il y a actuellement un vrai bras de fer avec ERDF. Nous sommes en droit d’exiger d’eux, qui sont en situation de monopole, des investissements bien plus importants pour sécuriser le réseau. » Comme des enfouissements de lignes par exemple.
La fracture électrique
Ce que redoute la conseillère générale et régionale, elle-même issue d’un territoire rural, c’est la croissance d’une véritable fracture électrique entre tissus urbains et ruraux. « Ce qui aura des conséquences sur l’activité. Des personnes font par exemple le choix du télétravail, de créer, ou simplement maintenir, des entreprises en milieu rural, mais avec trop de coupures, ce n’est plus possible. Il en va aussi de la vie des territoires. »
Pour autant, Denise Saint-Pé veut conserver un service public et n’envisage par un recours au privé. « Je reste attachée à la proximité. Cette situation n’est pas le fait des personnels mais c’est simplement un choix politique. » La FNCRR soupçonne en effet ERDF d’être devenue une sorte de pompe à finances d’EDF, permettant à l’entreprise publique de maximiser ses profits.
« Faux » a répondu ERDF lors de ce même congrès des maires. Et d’indiquer au contraire que son service offrait « le meilleur rapport qualité prix en Europe en lien avec une cohésion sociale et territoriale. » Quid de notre département ? Difficile d’en savoir plus puisque la personne habilitée à parler sur ce dossier n’était pas joignable en fin de semaine dernière.
Mais, au siège du SDEPA, on note quand même une reprise des investissements depuis quelques mois. Il est vrai que ce n’est pas le travail qui manque. Dans les Pyrénées-Atlantiques, les lignes enterrées représentent 30 % du réseau basse tension (qui court sur 11 400 kilomètres) et 40 % du réseau haute-tension (8 000 kilomètres).
Le chiffre
77. C’était en minutes, la durée de coupure d’électricité par an et par usager sur les Pyrénées-Atlantiques il y a 10 ans. Aujourd’hui elle est montée à 101 minutes. Soit quasiment la durée d’un match de foot, mi-temps incluse. Environ 370 000 abonnés sont recensés dans les Pyrénées-Atlantiques.
À Orriule, des micro-coupures causées par les branches d’arbres
A Orriule, petit village (135 habitants) du canton de Sauveterre, on a identifié depuis longtemps le phénomène de ces micro-coupures électriques, de l’ordre de quelques secondes, qui peuvent impacter toutes les activités. « Pour nous, ce n’est pas un gros souci même si, comme tout le monde, on peut être victime de pannes quand il y a par exemple une tempête.
Le responsable d’ERDF a quand même recensé deux micro-coupures en octobre et autant en novembre », raconte le maire Jean-Roger Recalde. « Il m’a dit que des investissements vont être faits pour élaguer les branches d’arbres au contact de fils qui sont nus », poursuit l’élu qui évoque aussi, sur cette desserte Saint-Palais – Orthez passant en bordure du village, la présence «de nombreuses lignes anciennes ». « Le syndicat de l’énergie a prévu de les changer», se félicite Jean-Roger Recalde. Des travaux visant à enterrer une ligne à haute tension passant sur la route de Narp sont par ailleurs envisagés. En fait, le véritable casse-tête du maire d’Orriule porte plutôt le nom de France Telecom : «J’ai beaucoup de souci avec eux. Ils ne font jamais le moindre travail de maintenance sur leur réseau et on a, ici, des câbles qui traînent partout !» Mais c’est là une tout autre histoire…